Ingénieur en efficacité énergétique
7.11.2025
8 min lecture
Efficacité énergétique du bâtiment : tout comprendre en 2025

Introduction
L'efficacité énergétique du bâtiment est aujourd'hui au cœur de la transition énergétique. Face à la hausse du coût de l'énergie et à l'urgence climatique, améliorer la performance des logements et bâtiments tertiaires n'est plus une option mais une nécessité. Le secteur du bâtiment représente 43% de la consommation d'énergie finale en France et environ 16% des émissions de gaz à effet de serre. Au-delà de la simple réduction des consommations, l'efficacité énergétique conjugue trois enjeux essentiels : préserver l'environnement, réaliser des économies substantielles et garantir un confort optimal aux occupants. En 2025, cette efficacité repose sur trois piliers : confort, économie et durabilité. Elle nécessite des compétences techniques solides et des formations adaptées — un engagement que porte La Solive, acteur de référence de la formation dans les métiers du bâtiment durable. Cet article vous propose de comprendre ce concept clé, d'explorer les moyens concrets d'amélioration de la performance énergétique et de découvrir les métiers et formations qui permettent de relever ce défi collectif.
Qu'est-ce que l'efficacité énergétique du bâtiment ?
Définition
L'efficacité énergétique d'un bâtiment désigne sa capacité à offrir un niveau de confort identique ou supérieur tout en consommant moins d'énergie. Autrement dit : faire mieux avec moins. Concrètement, il s'agit d'optimiser le rapport entre l'énergie utilisée et les besoins réels du bâtiment.
Il convient de distinguer l'efficacité énergétique de la performance énergétique, bien que ces deux notions soient complémentaires :
- Performance énergétique = résultat mesuré (niveau atteint)
- Efficacité énergétique = moyens mis en œuvre pour atteindre cette performance
Elle s'évalue grâce à plusieurs indicateurs clés :
- Le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), exprimé en kWh/m²/an, qui classe les bâtiments de A (très performant) à G (énergivore)
- Les émissions de CO₂ liées aux consommations énergétiques
- Les besoins bioclimatiques (Bbio) pour les constructions neuves (référentiel RE2020)
À retenir
Améliorer l’efficacité énergétique, c’est augmenter la performance d’un bâtiment sans augmenter sa consommation — c’est faire mieux avec moins d’énergie, en agissant simultanément sur l’enveloppe du bâtiment, les systèmes techniques et les usages.
Pourquoi l'efficacité énergétique est-elle essentielle ?
L'efficacité énergétique répond à un triple enjeu qui dépasse largement la simple question technique pour devenir un impératif sociétal.
Un enjeu environnemental majeur
Le bâtiment représente 43% de la consommation d'énergie finale en France, répartis entre le secteur résidentiel (29%) et le secteur tertiaire (14%), et environ 16% des émissions de gaz à effet de serre (Source : Ministère de la Transition Écologique, Bilan énergétique 2024 ; Citepa 2024).
Note méthodologique :
- Le chiffre de 43% est confirmé par les données officielles du Service des Données et Études Statistiques (SDES) du Ministère et par l'ADEME dans leurs publications 2024. Il correspond à la consommation d'énergie finale du secteur résidentiel-tertiaire, tous usages confondus (chauffage, eau chaude, éclairage, équipements).
- Les 16% d'émissions de GES correspondent aux émissions directes (scope 1) du bâtiment, c'est-à-dire celles produites par les chaudières gaz, fioul, bois, etc. À cela s'ajoutent les émissions indirectes liées à la production d'électricité et de chaleur (scope 2), qui sont comptabilisées dans le secteur de l'énergie. L'ensemble des efforts portent sur ces deux dimensions pour maximiser l'impact climatique.
Agir sur son efficacité permet de :
- Réduire significativement les émissions de CO₂ — selon l'ADEME, la rénovation énergétique performante d'un logement peut diviser par trois ses émissions
- Limiter le recours aux énergies fossiles et notre dépendance énergétique
- Contribuer directement à l'objectif de neutralité carbone 2050 fixé par l'Accord de Paris
À noter : Les émissions du secteur bâtiment sont en baisse constante grâce aux efforts de rénovation énergétique et à la décarbonation de l'énergie, passant de plus de 20% dans les années 2000 à environ 16% aujourd'hui.
Cette démarche s'inscrit pleinement dans la stratégie nationale bas-carbone et participe à la préservation des ressources naturelles.
Un enjeu économique
Selon l'ADEME (Baromètre 2024), une rénovation performante permet jusqu'à 60% d'économie sur la facture énergétique. Les économies réalisées peuvent atteindre 50 à 60% pour les rénovations les plus ambitieuses, se traduisant par une baisse immédiate et durable des charges de chauffage, climatisation et électricité.
Au-delà des factures réduites, l'amélioration de la performance énergétique valorise considérablement le patrimoine immobilier : un logement bien classé au DPE se valorise jusqu'à +10 à 20% sur le marché immobilier. Un bien classé A ou B se vend en moyenne 15 à 20% plus cher qu'un logement équivalent classé F ou G.
La rénovation énergétique mobilise des investissements significatifs : en 2024, près de 20 milliards d'euros ont été investis dans l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments, dont 15,1 milliards pour le résidentiel et 4,9 milliards pour le tertiaire. Ces montants témoignent de la dynamique engagée et du rôle moteur de la rénovation dans l'économie française.
Un enjeu social et de confort
Une meilleure isolation, une ventilation maîtrisée et un chauffage efficace améliorent substantiellement le confort thermique et la qualité de l'air intérieur — réduisant les risques d'humidité, de moisissures et d'allergies. Un bâtiment performant garantit une température homogène, élimine les ponts thermiques sources d'inconfort et préserve la santé des occupants.
L'efficacité énergétique permet également de lutter contre la précarité énergétique qui touche encore 5,6 millions de ménages en France.
Micro-conclusion : Améliorer l'efficacité énergétique, c'est investir à la fois dans la planète, le portefeuille et le bien-être des occupants. Ces trois dimensions font de l'efficacité énergétique un investissement gagnant-gagnant, alliant responsabilité environnementale, rentabilité économique et bien-être des usagers.
Les leviers pour améliorer l'efficacité énergétique d'un bâtiment
L'amélioration de l'efficacité énergétique repose sur une approche globale et cohérente, mobilisant plusieurs leviers d'action complémentaires identifiés par l'ADEME et le CEREMA en 2025.
Les 5 leviers majeurs d'amélioration énergétique
💡 Pour une meilleure compréhension : Ces 5 leviers peuvent être visualisés comme les piliers d'une maison performante : l'isolation protège, les équipements CVC chauffent/refroidissent efficacement, la ventilation renouvelle l'air sainement, le pilotage intelligent optimise en temps réel, et la maintenance préserve les performances dans le temps.
Ces leviers combinés peuvent réduire jusqu'à 70% des consommations d'un bâtiment ancien après rénovation complète.
Détail des leviers principaux
L'isolation thermique constitue le premier pilier de toute démarche d'efficacité énergétique.
Pourquoi ? Parce qu'avant même de penser à optimiser le chauffage, il faut d'abord empêcher la chaleur de s'échapper. Elle concerne l'ensemble de l'enveloppe du bâtiment : murs, toiture, combles, planchers bas et menuiseries (fenêtres, portes).
Résultat concret : une isolation performante peut réduire les besoins de chauffage de 50 à 80%, ce qui se traduit directement par une division par deux de votre facture énergétique. L'objectif est simple : créer une "enveloppe protectrice" qui maintient la température stable, comme une bonne couverture en hiver.
Les systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) jouent un rôle déterminant.
En clair : une fois le bâtiment bien isolé, il faut des équipements modernes et efficaces pour chauffer, rafraîchir et renouveler l'air. Par exemple, remplacer une vieille chaudière par une pompe à chaleur (PAC) air-eau peut diviser par trois votre consommation énergétique. La pompe à chaleur fonctionne comme un "réfrigérateur inversé" : elle capte les calories de l'air extérieur pour chauffer votre intérieur. Les systèmes de ventilation double flux, quant à eux, renouvellent l'air vicié tout en récupérant sa chaleur pour préchauffer l'air entrant — vous ne chauffez plus l'extérieur !
Le pilotage et le suivi énergétique via la Gestion Technique du Bâtiment (GTB) et la domotique permettent d'ajuster en temps réel les consommations aux besoins effectifs.
👉 Concrètement, comment ça marche ?
- Exemple dans un immeuble de bureaux : Le système détecte qu'une salle de réunion est vide grâce à des capteurs de présence. Automatiquement, il réduit le chauffage de 3°C, éteint les lumières et diminue la ventilation. Dès qu'une personne entre, le confort revient en quelques minutes. Résultat : vous ne chauffez et n'éclairez que les espaces réellement occupés, aux moments où ils le sont.
- Exemple pour un logement : Un thermostat intelligent apprend vos habitudes (vous partez à 8h, rentrez à 18h) et adapte automatiquement le chauffage. Il peut même ajuster la température en fonction de la météo prévue. Vous gardez le confort sans y penser, et les économies arrivent naturellement.
Les économies réalisées grâce à ces systèmes peuvent atteindre 15 à 25% sur les bâtiments tertiaires et 10 à 15% pour les logements.
L'entretien et la maintenance préventive constituent un levier souvent sous-estimé mais essentiel. Un système de chauffage mal entretenu peut surconsommer de 10 à 20%. Le technicien de maintenance joue ici un rôle clé en assurant le réglage optimal des équipements, la détection précoce des dysfonctionnements et le maintien des performances dans le temps.
Les énergies renouvelables complètent efficacement la démarche globale d'efficacité énergétique. En 2024, les énergies renouvelables représentent déjà 36% de la consommation d'énergie du bâtiment, dont 21% pour les énergies renouvelables thermiques (pompes à chaleur, solaire thermique, biomasse) et 13% pour les énergies renouvelables électriques (photovoltaïque).
Les solutions qui fonctionnent en synergie :
- Pompes à chaleur hybrides : Elles combinent une pompe à chaleur électrique avec une chaudière gaz de secours. Lors des grands froids (où la PAC seule consommerait beaucoup), le système bascule intelligemment sur le gaz. Économies : jusqu'à 40% par rapport à une chaudière classique.
- Solaire thermique pour l'eau chaude : Des panneaux solaires sur le toit chauffent directement l'eau sanitaire. En été, ils couvrent 100% des besoins. Sur l'année, ils peuvent assurer 50 à 70% de la production d'eau chaude — un complément idéal à votre système de chauffage.
- Photovoltaïque en autoconsommation : Les panneaux produisent l'électricité que vous consommez immédiatement (éclairage, équipements, recharge de véhicules). Couplés à une pompe à chaleur, ils créent un cercle vertueux : le soleil chauffe votre maison via l'électricité produite sur place.
- Biomasse et réseaux de chaleur urbains : Le bois énergie (granulés, plaquettes) et les réseaux alimentés par géothermie ou chaleur fatale industrielle offrent des solutions décarbonées pour le chauffage collectif.
Cette dynamique s'accélère grâce aux incitations réglementaires (RE2020), aux aides financières (prime à l'autoconsommation, CEE) et à la baisse continue des coûts des technologies.
La combinaison de ces leviers dans une approche intégrée permet d'atteindre des performances exceptionnelles, voire de concevoir des bâtiments à énergie positive.
Le cadre réglementaire de l'efficacité énergétique
La réglementation française encadre strictement l'efficacité énergétique du bâtiment, avec des exigences croissantes visant à accélérer la transition énergétique.
La RE2020 : l'exigence pour les bâtiments neufs
Depuis 2022, la RE2020 (Réglementation Environnementale 2020) impose une limitation stricte des consommations d'énergie primaire et des émissions de carbone sur le cycle de vie du bâtiment. Elle marque un tournant majeur avec trois objectifs cumulatifs :
- La sobriété énergétique avec des seuils stricts de consommation d'énergie primaire
- La réduction de l'empreinte carbone sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment (construction, exploitation, fin de vie)
- Le confort d'été pour anticiper les effets du réchauffement climatique : la RE2020 introduit pour la première fois un indicateur DH (Degrés-Heures) qui mesure l'intensité et la durée d'inconfort thermique en période estivale, encourageant ainsi des conceptions bioclimatiques qui limitent naturellement le recours à la climatisation
La RE2020 favorise les matériaux biosourcés et les énergies renouvelables, privilégie les bâtiments bioclimatiques et les systèmes de chauffage décarbonés.
Le décret tertiaire
Le décret tertiaire, issu de la loi ÉLAN de 2018, oblige les bâtiments du secteur public et tertiaire de plus de 1 000 m² à réduire leur consommation d'énergie finale de :
- –40% d'ici 2030
- –50% d'ici 2040
- –60% d'ici 2050
(Source : Journal Officiel du 3 août 2019, consolidation 2025.)
Cette réglementation concerne les bureaux, commerces, hôtels, établissements d'enseignement et de santé. Elle impose un reporting annuel des consommations sur la plateforme OPERAT et responsabilise les propriétaires et exploitants.
Les aides financières mobilisables
Les aides financières accompagnent massivement la rénovation énergétique :
- MaPrimeRénov' : jusqu'à 90% de financement pour les ménages modestes, finance les travaux d'isolation, de chauffage et de ventilation selon les revenus et les gains énergétiques obtenus
- Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) : obligent les fournisseurs d'énergie à financer des travaux d'efficacité énergétique
- Éco-PTZ (prêt à taux zéro), TVA réduite à 5,5% sur les travaux de rénovation énergétique
- Aides régionales et crédit d'impôt


